CPI : Une Africaine pour juger les Africains
Fatou Bensouda a prêté serment à La Haye vendredi, et est devenue officiellement la procureure générale de la Coup Pénale Internationale (CPI). Le très flamboyant Luis-Moreno Ocampo laisse ainsi sa place à cette Gambienne de 50 ans qui a été son adjointe pendant les neuf dernières années.
Depuis des années, la CPI s'est faite taxer de Tribunal spécial pour l'Afrique, car la majorité des accusations portées sont contre des dirigeants africains.
De Khadafi (Libye) à Omar El Béchir (Soudan) en passant par Charles Taylor (qui a été récemment jugé), Laurent Gbagbo (Côte d'Ivoire), Jean-Pierre Bemba (RDC), sans oublier des responsables kenyans, ougandais, les mandats d'arrêt international fusent de partout.
Pendant de ce temps, rien au sujet de la plainte de l'Autorité Palestinienne contre les crimes commis à Gaza pendant «l'opération plomb durci», rien concernant la Colombie, l'Afghanistan, le Honduras, etc.
Sans rien enlever à ses qualités de femme compétente et expérimentée, sa nomination avait aussi pour but de faire taire les critiques sur le fait que ce sont des Occidentaux qui jugent les Africains, et toutes connotations qui peuvent en découler. Sa nomination aiderait elle donc à rétablir un certain équilibre de force, et d'impartialité? On verra bien.
Fatou Bensouda a cependant affirmé que si les crimes continuent d'être commis en Afrique, elle continuera les poursuites sur le continent. En sera-t-il autant ailleurs dans le monde? Est-ce que les dossiers autres que ceux de l'Afrique seront dépoussiérés et étudiés? Son mandat sera-t-il placé sous le signe de la continuité ou sous celui de la transformation de l'institution?
Pendant ce temps sur le continent, l'Union africaine nourrit le projet de créer sa propre cour pénale, une Cour Pénale africaine. Principal problème: les moyens financiers. L'Europe ne voudra sûrement pas financer une cour qui vient «concurrencer» la CPI, encore moins les États-Unis et le Canada. Solution de rechange: la Chine, toujours prête à dire oui là où les Occidentaux ont dit non. Celle qui a déjà été vue comme un «soutien» aux dictatures n'hésiterait certainement pas à participer à ce projet...
Enfin, l'Union africaine a (osé!) demandé à avoir un siège, une représentation au Conseil de Sécurité de l'ONU. En effet, la plupart des pays qui y font l'objet de rencontres sont en Afrique (et au Moyen-Orient) et donc la moindre des choses serait que ces pays y soient représentés. Pas bête! Mais ça encore c'est un autre combat à mener.
L'UA devrait y aller une cause à la fois, par étape.
Gaell Magne
lapresse
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